Wally Conron nous raconte qu'il travaillait dans une association pour non-voyants avec un programme d'élevage et de dressage pour former des chiens-guides. Comme la plupart de ces programmes, il consistait tout d'abord en une sélection de chiots, une période de socialisation suivi d'un entraînement pour finalement passer à la phase d'adaptation à l'utilisateur. Il travaillait habituellement avec des labradors et des golden retriever, mais un jour il reçut une commande spéciale. Il s'agissait d'une femme non-voyante hawaïenne dont le mari souffrait d'une allergie aux chiens.
Bien qu'il ait trouvé le croisement parfait pour effectuer sa mission de chien-guide tout en étant hypoallergénique, Wally Conron se trouva confronté à un problème qu'il n'attendait pas : malgré une liste d'attente de 6 mois, les gens ne voulaient pas d'un chien qui ne soit pas de race pure. Les chiots de Labradoodle grandissaient et ne trouvaient pas de foyer de socialisation pour les accueillir. Personne. S'apercevant du besoin de changer la perception que la population avait de ces chiots, il décida d'appeler les médias pour leur annoncer qu'il avait créé une nouvelle race conçue pour effectuer une mission d'assistance et de thérapie. L'information devint virale et en seulement 24 heures il avait déjà des centaines d'appels de personnes désireuses d'obtenir un de ces merveilleux chiens. "Ils ne voulaient pas un croisement, ils voulaient un Labradoodle", nous explique Wally avec une pointe d'agacement.
Et c'est comme ça que tout a commencé. Il avait le mélange parfait pour obtenir de bons chiens-guides et des familles qui souhaitaient les socialiser. Il décida donc de développer les programmes d'élevage du Labradoodle. Mais un nouveau problème était sur le point de se présenter. Afin de pouvoir continuer à élever le Labradoodle et pour l'établir en tant que race, il avait besoin de caniches reproducteurs pour réaliser les saillies, et lorsqu'il demanda conseil au Kennel Club il se retrouva face à un mur. Les éleveurs de race pure s'opposèrent en bloc à son programme d'élevage de ce qui n'était encore qu'un bâtard et lui assurèrent que s'il prenait un exemplaire pour faire des saillies, le Kennel Club lui retirerait son agrément et lui empêcherait de se présenter à d'autres expositions ou championnats. Heureusement, Wally trouva du soutien chez certains éleveurs qui lui offrirent des reproducteurs à l'insu du Kennel Club. Le critère pour sélectionner ces reproducteurs était leur bon tempérament et l'absence de problèmes héréditaires.